Le vertige du succès
Obtiendrez-vous le succès en recherchant le succès ? Probablement pas. Recherchez plutôt votre accomplissement en tant qu'auteur !
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de cette page :
La clé du succès n’est peut-être pas là où nous la cherchons
Il y a deux sortes d’auteurs à succès : ceux qui ont réussi de façon fulgurante et ceux qui ont construit patiemment leur carrière, livre après livre, en améliorant peu à peu leur style. Ne cherchons pas à laquelle de ces deux catégories nous sommes prédestinés : je crois qu’elles nous sont toutes les deux ouvertes à condition d’avoir la bonne démarche.
Car il n’y a en fin de compte qu’une seule façon de devenir un grand auteur : trouver l’inspiration. Ha ! Ha ! Belle évidence… Sans doute ! Mais qu’est-ce ce qui peut favoriser, ou au contraire, faire fuir cette précieuse inspiration qui fera de vous un maître de la littérature ?
Cette page n’est pas seulement destinée aux auteurs vaniteux qui se moquent éperdument de la qualité de leur écriture pourvu qu’elle leur rapporte de la considération ou de l’argent.
Ma pauvre muse, hélas !
Qu’as-tu donc ce matin ?
Tes yeux creux sont peuplés
de visions nocturnes,
Et je vois tour à tour
réfléchis sur ton teint
La folie et l’horreur,
froides et taciturnes.
Ch. Baudelaire
Elle est destinée à chacun d’entre nous.
Lequel d’entre nous, en effet, ne caresse pas le rêve d’atteindre le succès ?
L’inspiration n’aime pas les projets
L’inspiration, c’est « ici et maintenant ». Même si elle semble parfois se nourrir du passé, l’inspiration ne fait que puiser dans les émotions que ce passé fait surgir au moment présent. Et dès que nos réflexions s’évadent dans l’avenir, dès que nous négligeons la qualité du présent, la muse qui pourrait nous inspirer ne fuit-elle pas notre compagnie ? C’est sans doute là le principal problème que peut représenter l’obsession du succès : elle nous détache du moment présent et nous amène à ne le considérer que comme une sorte de transition vers l’avenir. Or, notre démarche d’écriture a bel et bien lieu ici et maintenant !
Voilà pourquoi je conseille aux auteurs avec qui je travaille, de lâcher prise sur le destin de leur livre. Si vous parvenez à condenser dans votre œuvre le meilleur de ce que vous portez en vous ici et maintenant, vous aurez accompli votre mission. Le reste, c’est-à-dire la façon dont votre livre sera reçu et apprécié, et même celle dont il sera promu et présenté, appartient en partie au destin et fait à coup sûr partie de l’avenir. Vous pourrez toujours vous y intéresser une fois que vous aurez terminé votre travail d’écriture et de correction, mais ne laissez pas ces pensées vous parasiter avant cela.
Avant de nous préoccuper de ce que notre livre représentera pour les autres, il y a en effet une question bien plus importante (et bien plus actuelle !) à laquelle nous devrions être capables de répondre : que représente-t-il pour nous ? Et je ne parle pas de ce qu’il peut représenter en tant que projet ! Je parle du sens profond que ce livre, par son thème, par les personnages, les situations ou les sujets qu’il aborde, peut apporter dans notre vie. En d’autres termes, je ne parle pas de l’idée conceptuelle que nous nous en faisons, mais de sa signification affective et peut-être spirituelle. J’ose dire, de sa signification réelle, car j’accorde assez peu de foi aux justifications intellectuelles du besoin d’écrire.
Bien entendu, il n’est pas très important de savoir répondre à cette question avec clarté et précision (c’est notre cœur, bien plus que notre esprit, qui connaît la réponse). Mais il me semble important de prendre conscience que c’est cette question, et seulement celle-là, qui intéresse notre muse, notre inspiration, notre seule véritable source de talent.
L’inspiration n’obéit pas à la volonté
Qui croyons-nous abuser en prétendant que les muses sont fantasques, capricieuses et indisciplinées ? Nous voilà comme des enfants qui voudraient dicter ou imposer leur volonté aux grandes personnes. Soyons lucides : entre nos muses et nous, ce n’est pas nous qui menons la barque… Nos petites intelligences prisonnières de leur logique étriquée sont bien incapables du moindre chef-d’œuvre.
NOUS sommes fantasques, capricieux et indisciplinés et nos muses s’en plaignent probablement quand elles parlent des auteurs entre elles.
J’ai la conviction que chaque auteur porte en lui un immense trésor qui ne demande qu’à se révéler par sa plume. L’ennui c’est que nous ne savons jamais en quoi consiste ce trésor et quelle est la carte qui y mène. Quand nous croyons bénéficier d’une boussole, elle est fausse et se limite de toute façon aux quatre directions d’un plan à deux dimensions, alors que l’imagination possède un nombre infini de dimensions et que c’est à travers elles qu’il nous faut naviguer.
Je crois que suivre son inspiration est un art qui demande en premier lieu de lâcher la barre. Notre rôle se limite à savoir décrire le plus fidèlement possible le monde merveilleux (et parfois terrible) qu’elle nous permet de visiter.
En restant braqués sur l’obsession du succès, nous ne parvenons plus à nous détacher du désir de contrôler le voyage. Pétris d’espoirs, de peurs et de doutes, nous malmenons la pauvre embarcation qui nous emporte, au risque de la briser sur le premier récif.
Nous croyons déjà savoir quelle sorte d’auteur nous allons devenir alors que c’est sans doute la plus belle découverte qu’il nous reste à faire.
Si nous savions vraiment ce que nous sommes capables d’écrire, nous serions déjà de grands auteurs et le succès, en effet, nous aurait probablement souri. Mais ce n’est pas en courant après lui que nous verrons son visage. Ne serait-ce pas plutôt en recherchant en nous-mêmes, le moyen de nous découvrir et de nous accomplir ?
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