Le livre numérique

Livres numériques : une révolution en marche

Avez-vous entendu parler de la tablette de lecture Kindle ? Les noms de Kobo, Nook, Sony reader ou Bookeen vous disent-ils quelque chose ? Peut-être pensez-vous qu’il ne s’agit là que de nouveaux gadgets et que vous n’userez jamais vos yeux à lire quoi que ce soit sur un écran ? Le marché du livre connaît pourtant une révolution majeure qui pointe le bout de son nez sur le marché francophone après avoir conquis les U.S.A. de façon spectaculaire.

Qu’est-ce qu’une tablette de lecture (ou « liseuse » ou encore « livre électronique ») ?

Si vous l’ignorez encore, notez tout d’abord que l’écran d’une vraie tablette de lecture est radicalement différent de celui d’un ordinateur, d’un téléphone ou d’un Ipad. Cette technologie s’est fixé pour objectif d’offrir un confort de lecture au moins égal à celui du papier (même en plein soleil). Peu brillant, limité au noir et blanc et plutôt lent à l’affichage, l’écran d’une tablette de lecture offre néanmoins un contraste très important sans nécessiter le moindre rétro-éclairage. D’un format généralement comparable à celui d’un livre de poche, ces tablettes sont légères (environ 200 grammes), offrent une prise en main confortable, une très grande autonomie (de 1 à 3 mois sans passer par la case chargeur) et peuvent mémoriser entre 500 et 2000 livres. Les livres numériques (également appelés eBooks) se présentent sous la forme de fichiers informatiques et existent sous deux formats : mobipocket (pour les tablettes Kindle distribuées par Amazon) et ePub (pour tous les autres lecteurs). De nombreux éditeurs proposent également une version PDF de leurs fichiers, afin de les rendre accessibles aux utilisateurs consultant les livres sur un ordinateur classique.

Quels avantages pour le lecteur ?

La première raison d’achat de ce nouveau média est souvent la possibilité d’emporter avec soi (en voyage, par exemple) un grand nombre de livres sans avoir à en porter le poids. Mais on découvre bien vite que cette technologie offre d’autres avantages non négligeables :

• Un accès bien plus facile aux livres : une liseuse se charge via Internet. Où que vous soyez dans le monde (et par exemple en Nouvelle-Calédonie), vous pouvez donc faire vos emplettes sur un site spécialisé (Amazon, Virgin Store, Apple Store, la Fnac, etc.) et obtenir votre livre en moins d’une minute.
• Un prix plus abordable : les livres numériques ne coûtent rien en impression, rien en transport et presque rien en stockage. Ils ne s’épuisent pas et ne nécessitent donc pas de rééditions. Résultat : les éditeurs peuvent baisser leurs prix et c’est ce que l’on constate sur la plupart des marchés : de 20 % à 30 % moins cher qu’un livre papier en France, ils sont presque à 50 % de ce prix sur le marché américain où la concurrence est plus rude. Le consommateur s’y retrouve, surtout avec les livres anciens dont il est presque toujours possible de trouver une édition gratuite (pour peu qu’ils appartiennent au domaine public). À contrario, les nouveautés et les best-sellers sont proposés à un prix très proche de la version papier.
• L’achat « impulsif » enfin possible : vous entendez parler d’un livre à la radio et vous souhaitez l’acheter ? À peine rentré chez vous, une minute et quelques clics de souris vous suffisent pour le charger sur votre liseuse.
• Une navigation de type numérique : certes, un livre numérique ne peut se feuilleter avec la même facilité qu’un livre papier. Mais cette nouvelle façon de lire offre également ses propres avantages, tels que la possibilité de lancer une recherche sur un mot ou une expression, celle d’accéder à un chapitre particulier par un simple clic sur une ligne du sommaire, celle de consulter un dictionnaire intégré pour obtenir la définition d’un mot inconnu ou sa traduction dans une autre langue, etc. La plupart des liseuses offrent également la possibilité de prendre des notes que l’on peut ensuite partager avec d’autres lecteurs.

Quels avantages pour les éditeurs ?

Pour la plupart des éditeurs français, l’arrivée de ce nouveau média semble considérée avec hostilité et méfiance. Elle soulève probablement la crainte du piratage, celle de l’émergence d’une concurrence sauvage (il est possible de produire un livre numérique avec très peu de moyen et d’investissements) et la remise en question des acquis existants (nécessité de s’adapter à de nouvelles règles). Ainsi, Amazon s’est vu opposer une fin de non-recevoir de la part de l’ensemble des éditeurs français jusqu’au début de l’année 2012 ou la tendance s’est radicalement inversée avec l’adhésion de Gallimard et de Hachette à ce nouveau moyen de distribution.

Le livre numérique offre pourtant des avantages indiscutables aux éditeurs :

• La possibilité d’être distribué dans l’ensemble du monde francophone, sans aucun frais de livraison : on imagine à quel point cet aspect peut être attractif pour les éditeurs qui ne résident pas en Métropole, tels que les éditeurs calédoniens. Mais cet avantage est sans doute largement sous-estimé par la plupart des éditeurs français qui ne réalisent pas que le marché lié à la langue française est bien plus important que celui de la Métropole seule, sur lequel ils fonctionnaient jusqu’à présent.
• La possibilité d’étendre leurs catalogues à moindre coût : les frais de production baissent à tel point qu’il devient possible de publier des livres dont le potentiel de vente est très incertain. Dans le pire des cas, on n’a perdu que quelques heures de travail et l’on ne risque plus de se retrouver avec un stock d’invendus.
• Des revenus qui se transforment en rentes : un livre numérique n’est jamais épuisé. La notion de « réédition » disparaît donc avec ce nouveau média. Une fois le travail d’édition réalisé, un livre peut générer des revenus pendant une durée infinie sans qu’il ne soit jamais nécessaire d’y réinvestir le moindre effort.

Quels avantages pour les auteurs ?

Le livre numérique ouvre des perspectives inédites aux auteurs en mal de publication. Ce mode de distribution à moindres frais permet en effet :

• Aux éditeurs d’être moins « regardants » sur le potentiel commercial d’un livre. Il devient envisageable de « tâter le terrain » avec la version numérique d’un livre et de ne lancer son impression qu’en cas de réussite sur ce secteur.
• Aux auteurs de se lancer dans l’autopublication avec un investissement presque nul. (notre page sur l’auto-édition explique l’ensemble de cette procédure enfournissant les clés de chaque étape).

L’option numérique s’ajoute donc aux très nombreuses solutions qui s’offrent aujourd’hui à un auteur dont le manuscrit a été refusé par les circuits classiques. Il n’est pas exagéré d’affirmer qu’il est désormais possible à tout le monde de se voir publié pour un investissement nul ou très faible. Mais rien ne garantit pour autant que les ventes seront au rendez-vous ! Le soutien d’un éditeur aguerri reste donc plus que jamais précieux pour ne pas voir un livre se « noyer » dans un marché encore plus ouvert à la diversité.

Conclusion

Le livre électronique a pris une ampleur qui interdit désormais de le considérer comme un phénomène de mode. Ce secteur représentera vraisemblablement 40 % à 50 % de la consommation dans les années à venir.

Comme souvent, l’innovation technologique entraîne un profond bouleversement du marché et de ses habitudes, et provoque une large redistribution des cartes. Ainsi, les futurs leaders de ce nouveau secteur ne seront pas forcément ceux qui dominaient le marché du livre-papier.

Le marché francophone amorce un large virage vers le numérique. Ce phénomène représentera une crise pour les uns et une opportunité pour les autres. Nul doute, en tout cas, que le consommateur en sortira gagnant.

Où en est le marché français ?

Pour l’année 2018, la part du livre numérique est estimée à 8,42 % du marché français en terme de chiffre d’affaires (selon le SNE). Ce chiffre ne nous dit cependant pas grand chose, car le prix d’un livre numérique est statistiquement bien plus faible qu’un livre papier. En terme de volume, nous estimons que 30 % à 45 % des livres sont désormais lus sous forme numérique (en 2018). Mais comme beaucoup d’ouvrages consommés sont téléchargés gratuitement, ils ne sont pas comptabilisés par les organismes estimant la part occupée par le livre numérique.

Toutefois, même en termes de chiffre d’affaires, la croissance n’est sans doute pas arrivée à son terme en France. La part de marché du livre numérique s’est stabilisée autour de 20 % aux U.S. À (en chiffre d’affaires). Elle y dépasse celle du livre de poche.

L’offre en matière de liseuses.

Le leader historique du marché est incontestablement Amazon qui a mené une politique commerciale très agressive sur ce secteur. Avec sa tablette Kindle, Amazon offre une solution intégrée particulièrement pratique pour l’utilisateur : une fois l’achat effectué, le livre se télécharge automatiquement (et en moins d’une minute) sur la tablette (pour peu qu’elle puisse accéder à un réseau Wifi).

Mais depuis fin 2012, la France se démarque avec le duo Fnac/Kobo (les deux sociétés sont partenaires) qui réalise d’excellentes performances lors des périodes de Noël. La liseuse Kobo offre l’avantage d’utiliser le format ePub, plus ouvert et plus performant que le format Mobipocket de la tablette Amazon/Kindle.

De nombreux autres concurrents essayent de se placer sur ce marché prometteur.

• Liseuses dédiées : Kindle, Kobo, Nook, Bookeen, Sony Reader, Sony PRS, Oyo, Samsung reader, Story HD, PocketBook.
• Tablettes utilisables en lecture : iPhone, iPad, Nexus, Archos, téléphones Samsung, Androïd, etc.

Où acheter un livre numérique ?

Amazon (format mobipocket uniquement), Epagine, rueducommerce.com, la Fnac, KoboStore, AppleStore (format iBook Apple uniquement), VirginStore, Immateriel, FeedBooks et Didactibook sont les principaux distributeurs francophones.

Les distributeurs proposant le plus grand choix de livres gratuits sont : Avoodware, Bibliothèque Malgache, BeQ, Bouquin du Web, Gallica, eBooks Libres & Gratuits, FeedBooks, Europeana, In Libro Veritas, Les Classiques des Sciences Sociales, Livres Pour Tous, Livres-PDF. ch, Numilog Gratuit, Projet Gutenberg, Wikisource.

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