Ce texte est extrait du site www.editions-humanis.com

Envoi du manuscrit

Comment présenter votre manuscrit pour une demande d'édition.

Autant vous prévenir : cette longue page comporte des informations qui ne vont pas vous plaire. Mais les réalités que nous décrivons ici vous seront certainement très utiles pour faire accepter votre manuscrit pas un éditeur. Alors, prenez votre courage à deux mains et installez-vous confortablement avant de tout lire : vos chances d’être publié y gagneront sans doute beaucoup.

Il vous a probablement fallu plusieurs mois (ou plusieurs années) pour écrire votre livre. Ne fichez pas tout par terre en négligeant sa présentation. La personne qui va opérer la première sélection et décider si votre texte est retenu ou non n’y consacrera probablement pas plus de quelques minutes. C’est très dommage, mais c’est ainsi. Tout ce qui handicapera son examen jouera contre vous.

Votre éditeur sera chargé (entre autres) de vendre votre livre au plus grand nombre possible de lecteurs. Mais avant d’atteindre cette étape enthousiasmante, VOUS devez tenter de « vendre » votre manuscrit à un éditeur, c’est-à-dire de faire en sorte qu’il soit lu et apprécié par son comité de lecture. Ça n’est pas gagné !

La plupart des éditeurs demandent à ce que votre manuscrit soit présenté selon des critères stricts (et avec une orthographe correcte !). Si vous ne les respectez pas, votre manuscrit sera refusé avant même d’avoir été lu. N’en déduisez pas pour autant que votre livre est mauvais et ne mérite pas d’être publié. Demandez-vous comment vous pouvez corriger le tir, et recommencez vos démarches quelques mois plus tard.

Voici plusieurs évidences qu’il est sans doute bon de rappeler :

Bien choisir son éditeur

La plupart des éditeurs sont spécialisés dans un secteur particulier du livre. Inutile d’envoyer votre thriller à un éditeur spécialisé dans le roman sentimental : vous perdriez votre temps et votre argent. Le plus simple est de rechercher des livres dont le sujet ou le type d’écriture sont proches du vôtre et de regarder où ils sont édités. Vous pouvez mener cette recherche en librairie ou tout simplement en consultant Amazon, le site de la Fnac ou un autre site de vente en ligne.

Tant que vous y êtes, essayez de mesurer ce que « pèse » votre éditeur en regardant de quelle façon il présente ses livres, et quelle qualité de livres il accepte de publier. Vous mérite-t-il ? C’est une question sérieuse ! Être édité ne sert absolument à rien, si votre éditeur est un charlatan.

Plus l’éditeur que vous ciblez est prestigieux, plus il sera exigeant sur la présentation et sur la qualité générale de votre texte. Gallimard reçoit chaque jour plus de 20 manuscrits par la poste. Imaginez-vous le travail que représente l’examen de tout cela ? Et le coût que cela représente pour cette maison ? Il est évident que Gallimard ne peut pas se permettre d’envoyer une lettre de refus argumentée à chaque postulant, et que son équipe ne prendra pas le temps de déchiffrer un manuscrit bourré de fautes d’orthographe. À vous de faire les efforts nécessaires pour mériter un peu d’attention.

Si vous n’êtes pas persuadé que votre livre est un futur best-seller et qu’il mérite VRAIMENT d’être publié par une « grande » maison d’édition, inutile de perdre votre temps. Tâtez plutôt du côté des « petits » éditeurs (il y en a plus de 5 000 en France) qui sont souvent moins regardants et plus disponibles. Quand vous serez parvenu à faire publier votre premier livre (et que vous aurez mieux compris et/ou accepté les règles de cette jungle si particulière), vous pourrez toujours taper plus haut pour le deuxième.

Le comité de lecture

« Rejeté par 121 maisons d’édition avant sa publication en 1974, L’art du zen et de l’entretien des motocycles propulsa Robert M. Persig au rang de star en se vendant à plus de trois millions d’exemplaires rien qu’en édition de poche. »

Le New York Times

Selon la taille de l’éditeur à qui vous envoyez votre texte, et selon sa philosophie, le système de sélection des manuscrits peut adopter des formes très variables.

Ce qui est commun à tous les éditeurs, c’est qu’ils refusent l’immense majorité des manuscrits qui leur sont adressés. Selon sa notoriété, un éditeur reçoit entre cent et dix mille manuscrits par an. Il ne publiera généralement qu’un à deux pour cent de ces textes. L’une des tâches les plus importantes qui lui incombent consiste donc à sélectionner les textes qu’il souhaite publier, ce qui, d’un point de vue concret, revient à en éliminer la plus grande part. Pour l’éditeur, c’est une lourde tâche, très consommatrice en temps de travail, et très délicate, car c’est elle qui – au final – décidera de son succès.

Si le retour que vous obtenez se résume à quelque chose comme « Malgré les qualités de votre manuscrit, nous ne pouvons le retenir en vue d’une publication », ou encore « Votre manuscrit n’entre pas dans nos critères de sélection », sans aucun autre commentaire argumenté, dites-vous qu’il n’a probablement pas été entièrement lu. Et l’introduction à laquelle vous avez eu droit « Notre comité de lecture a examiné votre manuscrit avec une grande attention, malheureusement… » n’y change rien !

Qu’en déduire ? Que votre manuscrit est peut-être très mauvais, et que sa médiocrité est perceptible dès la première page. OU ALORS que votre manuscrit était trop mal présenté (bourré de fautes, par exemple). OU ALORS que la première page de votre manuscrit n’est pas représentative de sa qualité générale. Posez le revolver que vous tenez à la main et remettez-vous au boulot après avoir lu ce qui suit.

Qui réceptionne les manuscrits ?

« Il faut se convaincre qu’un rejet de l’œuvre n’est pas un rejet de la personne. Face à un rejet, je réagis tout de suite en faisant une autre soumission. Si j’avais utilisé des méthodes similaires au lycée, je serais sorti avec beaucoup plus de filles ! »

Ron Goulart

Selon l’éditeur auquel vous avez adressé votre texte, votre manuscrit sera réceptionné par :

Il est très fréquent que la sélection soit organisée en plusieurs étapes, avec un niveau de compétence et d’expérience croissant à chaque étape et, pour les grandes maisons, un nombre de décideurs croissant à chaque étape.

Quel que soit le mode de sélection adopté, les personnes chargées de procéder aux premières étapes de la sélection sont toujours surchargées de travail et doivent adopter des méthodes qui leur permettent d’opérer des choix en très peu de temps (quelques minutes par manuscrit, dans la majorité des cas). Plus la présentation du manuscrit est brouillonne, complexe, hors norme, moins le manuscrit a de chances de passer la première étape de la sélection.

Faut-il passer par d’autres moyens que l’envoi du manuscrit ?

Dans les textes publiés par une maison d’édition chaque année, tous ne sont pas arrivés par la poste ou par la boîte mail. Si, par exemple, l’auteur X a déjà été publié l’année dernière, il a toutes les chances de voir son nouveau manuscrit publié par le même éditeur cette année, même s’il n’a pas la même qualité que le précédent. C’est une question de logique, de fidélité et de cohérence.

Certains projets d’édition bénéficient d’une aide financière de la part des institutions, d’autres correspondent à des choix stratégiques particuliers. Un texte peut être recommandé par un autre éditeur, qui n’a pas pu le gérer pour diverses raisons, ou bien par l’ami d’un ami, car les éditeurs sont aussi des êtres humains.

Au final, il est fréquent que moins de la moitié du planning reste disponible pour les textes issus d’auteurs « inconnus » , et il est tentant, pour certains auteurs en mal de publication, de chercher à contourner les systèmes de sélection classiques par tous les moyens possibles. C’est généralement une mauvaise idée, car les éditeurs sont familiers des différentes techniques utilisées dans ce but, et peuvent facilement s’en agacer.

Les manuscrits sont-ils tous examinés ?

Non, pas dans toutes les maisons, en tout cas. Il ne s’agit pas forcément de négligence. Il arrive simplement que la capacité de traitement des nouveaux manuscrits soit submergée par l’affluence, à certaines périodes de l’année. Le mois de janvier, par exemple, est un cauchemar pour les petits éditeurs qui ne disposent pas de stagiaires. Même un petit éditeur, tel que nous, peut recevoir plus de dix manuscrits par jour pendant cette période (y compris le week-end). Il nous est humainement impossible de gérer un tel volume. Et il n’est pas davantage possible de mettre les manuscrits de côté, en attendant de trouver le temps de les examiner, car le flot est incessant et nous nous retrouverions très vite avec des centaines de textes en attente de traitement.

Il est donc possible qu’un manuscrit soit refusé sans avoir été examiné, même si la plupart des éditeurs se refusent à l’avouer.

Le système fonctionne toutefois de façon satisfaisante à la seule condition que l’auteur soit capable d’un minimum de persévérance. Dans la grande majorité des cas, le texte est lu (ou parcouru) avant d’être refusé. Les chances pour qu’un texte de qualité soit successivement refusé par une dizaine de maisons d’édition sont extrêmement faibles.

Pour un auteur qui a vu son texte refusé plusieurs fois, il est facile de se dire qu’il a eu affaire à des éditeurs incompétents ou aveugles. Dites-le vous, si cela vous sauve de la dépression, ou si cela peut vous donner la force de continuer à le proposer. Mais si vous avez essuyé plus d’une vingtaine d’échecs, il est certainement temps de vous remettre sérieusement en question.

Gardez en tête l’évidence suivante : un texte de qualité donne généralement lieu à des ventes importantes, au moment de sa publication. Pour la maison d’édition concernée, il représente également un gain en notoriété. C’est donc le rêve de tout éditeur que de dénicher ce genre de manuscrit. La difficulté consiste à le repérer dans le flot considérable de textes qui lui sont adressés. Chaque éditeur tente d’y parvenir à sa façon.

L’éditeur peut-il décider de la qualité d’un texte en quelques minutes ?

Pas toujours, mais on peut éliminer la majorité des candidats à la suite d’un examen extrêmement rapide. Si, par exemple, la langue est mal maîtrisée (maladresses, répétitions, fautes de style), le curseur peut tomber en chute libre au bout de deux paragraphes. Ajoutez-y une mauvaise présentation, quelques fautes d’orthographe, des longueurs et une fin de premier chapitre sans intérêt : l’affaire est faite.

Tous les éditeurs s’accordent à dire qu’il existe trois types de textes qui se distinguent très facilement dans les envois :

Le sort des très bons (extrêmement rares) et des mauvais (extrêmement fréquents) se décide en quelques minutes. Les « moyens » demandent beaucoup plus de temps et de réflexion. Peut-on « sauver » ce texte, et à quel prix ? est la question à laquelle il faut tenter de répondre.

Les principes qui prévalent généralement dans la sélection des textes sont les suivants :

La sélection rapide qui est effectuée par la plupart des éditeurs est imparfaite, car elle est réalisée par des êtres humains subjectifs et pressés par le temps. Il peut arriver que de très bons textes se voient refuser et que de mauvais textes passent au travers des mailles.

Ce dont on peut être sûr, c’est que tous les éditeurs tentent de mettre en place un système de sélection qui soit le plus performant possible…, tout en tenant compte des moyens dont ils disposent.

Pourquoi certains « bons » textes sont refusés

Certains manuscrits excellents sont bel et bien lus et appréciés par l’éditeur, avant d’être tout de même refusés. Dans la majorité des cas, c’est parce qu’ils ne correspondent pas à ce que l’éditeur se sent capable de vendre. À quoi bon, en effet, « confisquer » un texte à son auteur, si l’on sait pertinemment qu’on ne sera pas capable de le défendre et d’en vendre plus d’une centaine d’exemplaires ? Tout le monde sera perdant : l’auteur, l’éditeur, et les lecteurs qui ne sauront pas où dénicher ce livre.

Ce sont les textes « inclassables » qui posent les problèmes de commercialisation les plus aigus. Le livre est de plus en plus considéré comme un produit de consommation qui doit correspondre à certains critères pour pouvoir toucher sa « cible ». Si vous proposez un roman sentimental ou un thriller, votre éditeur saura exactement comment en faire la promotion (à condition que ces genres fassent partie de ses collections). Mais si votre roman ne ressemble à rien de connu, il n’y aura guère qu’une grande maison d’édition qui sera capable d’en tirer quelque chose. Il faut, en effet, des moyens de communication très importants pour attirer l’attention sur un texte qui sort des sentiers battus.

Préparez-vous à baver des ronds de chapeau si votre manuscrit correspond à :

À moindre niveau, vous aurez également des difficultés à trouver un éditeur acceptant :

À l’inverse, vous devriez trouver plus facilement des éditeurs acceptant :

Pour plus de détails, examinez le classement des meilleures ventes d’Amazon et vous aurez une idée assez précise de se qui se vend facilement ou non.

Pourquoi les éditeurs ne donnent-ils pas une vraie critique des manuscrits refusés ?

Parce que le but n’est pas de « casser » les auteurs.

Si le manuscrit a été refusé, c’est qu’on a estimé qu’il comportait des défauts. Se contenter d’énumérer ces défauts comporterait le risque de décourager l’auteur. Il faut donc « tourner » les critiques de telle sorte qu’elles deviennent constructives, et cela demande de la réflexion, et donc du temps. Un temps dont les personnes chargées de la sélection ne disposent généralement pas.

Pour émettre une critique utile à un auteur, il faut avoir lu au moins la moitié de son texte et être capable d’y dénicher quelques qualités qu’on pourra souligner pour lui mettre du baume au cœur. Il faut également peser soigneusement ses arguments, s’assurer qu’ils sont parfaitement fondés, et les exprimer de telle sorte que l’auteur – qui n’est pas toujours un expert en littérature – puisse les comprendre à coup sûr.

Au final, il est presque impossible d’émettre un commentaire utile sans y consacrer au moins quelques heures. Impossible tout court, quand on doit juger du sort d’une dizaine de textes par jour ! Alors, certes, les formules impersonnelles telles que Votre manuscrit ne correspond pas aux critères de notre ligne éditoriale mettent certains auteurs en colère. Mais quoi que fasse l’éditeur, et quel que soit le moyen par lequel il tentera de se justifier, il aura de toute façon droit à la colère de certains auteurs, terriblement frustré de ne pas se voir publier.

Critiquer votre texte n’est pas du ressort d’un éditeur. C’est un travail que certains professionnels proposent contre rémunération (voir notre page de liens), ce qui se comprend, compte tenu de la difficulté et du temps qu’il nécessite. Mais vous pouvez également vous faire une idée très précise des forces et des faiblesses de votre texte en le faisant lire à votre entourage. Notre page Comment utiliser les bêta-lecteurs vous expliquera comment obtenir ce type de critiques gratuites, et comment les exploiter au mieux.

La présentation du manuscrit :

Chaque éditeur demande une présentation particulière du texte. Pour certains, c’est sous la forme d’un texte imprimé, pour d’autres, seulement sous forme de mail. Respectez leurs demandes !

Dans tous les cas, votre manuscrit doit être accompagné des informations suivantes :

À propos de l’auteur

À propos du livre

Avant d’envoyer un extrait ou la totalité de votre manuscrit, assurez-vous de l’avoir lu et relu, de l’avoir soumis à la critique (de vos relations, de vos amis, ou mieux encore, de vos ennemis !) et d’être arrivé aussi loin que possible dans votre travail d’écriture. L’éditeur pourra vous faire des suggestions pour améliorer votre livre, mais son rôle n’est pas de devenir coauteur du livre avec vous. Ne lui en demandez pas trop si vous ne voulez pas le décourager.

Quelle que soit votre opinion sur l’importance de la grammaire et de l’orthographe, dites-vous que votre éditeur sera très exigeant sur ces points, parce qu’il est obligé, pour sa part, de nettoyer le texte de toutes ses imperfections avant de le publier. Tout ce qui pèche dans la forme de votre manuscrit lui coûtera du temps en corrections. Plus ce temps sera important et moins la publication de votre texte sera rentable. C’est aussi simple que cela !

Si vous avez des faiblesses, faites-vous aider par quelqu’un, afin de proposer un manuscrit « propre » de ce point de vue car, bien souvent, l’orthographe du manuscrit est le premier critère d’acceptation ou de rejet. Un simple contrôle à l’aide d’Antidote vous permettra déjà d’éliminer la plus grande partie de vos fautes. N’envoyez pas votre manuscrit avant cette étape ! Proposer un manuscrit bourré de fautes revient au même que d’essayer de vendre un objet couvert de boue.

Si vous en avez les moyens, vous augmenterez vos chances d’être publié en faisant d’abord relire et améliorer votre texte par un correcteur professionnel. Vous trouverez quelques prestataires dans notre page « Liens utiles » .

N’essayez pas de vous singulariser par l’usage d’une police de caractère exotique. Utilisez du Times, ou à la rigueur, de l’Arial ou du Verdana. Choisissez une taille de caractères de 11 ou 12 points, ni plus ni moins. Les pages de votre manuscrit doivent être numérotées.

Si vous n’êtes pas totalement et absolument certain que cela se justifie, ne proposez pas un texte trop long ! Un éditeur pourra peut-être se sentir disposé à lire et à remanier un texte de 300 pages (c’est-à-dire environ 150 pages A4), mais il sera immédiatement découragé par un texte d’une longueur supérieure. Plus votre texte est long, moins vous aurez de chances d’être publié (voir : Un premier roman doit être court). Si votre texte fait plus de 200 pages A4 (en corps 12, avec interlignes simples), enlevez ses parties les moins intéressantes. Le résultat n’en sera que meilleur. Et si un éditeur vous témoigne de l’intérêt, vous pourrez toujours lui dire que vous avez une version plus longue dans votre tiroir, et lui demander si ça l’intéresse.

L’envoi sous forme de manuscrit imprimé

Les « grands » éditeurs, tels que Gallimard, Albin Michel, Grasset, Anne Carrière, Hachette, Flammarion, Arthème Fayard, Robert Laffont et Librio, n’acceptent pas l’envoi de manuscrit sous la forme d’un mail.

Le seul moyen d’être lu par l’un d’eux consiste donc à envoyer un manuscrit complet, imprimé et accompagné des informations indiquées dans la section précédente. La présentation la plus souvent demandée est la suivante :

Pour vous simplifier la tâche, il est possible de passer par un imprimeur en ligne qui se chargera d’imprimer les exemplaires nécessaires et de les expédier directement aux éditeurs. Mais cela vous coûtera entre 10 et 30 euros par exemplaire, selon l’épaisseur de votre livre. Vous pouvez demander à votre imprimeur de faire accompagner votre exemplaire d’une lettre de présentation. Il vous facturera encore un supplément pour cela, bien entendu.

La lettre d’accompagnement

Il est fréquent qu’elle ne soit pas lue, mais… certains éditeurs y attachent une grande importance. Impossible de savoir à l’avance à quoi vous en tenir, il faut donc la rédiger avec soin.

Les deux points essentiels à garder en tête sont les suivants :

Ayez foi en vous, ayez foi en votre texte, ayez foi dans la bienveillance de l’univers. Ça peut paraître simplet, mais ce sont vraiment les meilleurs conseils que nous pouvons vous donner. Affichez une foi humble, mais solide.

Dans le doute, faites sobre ! Voici un exemple de lettre :

Madame, Monsieur,

Je vous soumets mon tapuscrit « Le livre de l’espoir », un roman d’amour autobiographique qui explore les pièges de la sexualité entre humains et crocodiles et le danger des relations bucco-génitales dans un tel contexte.

Âgé de quatre-vingt-douze ans, je suis ouvrier dans une usine asiatique de bilboquets. Vous trouverez des détails plus complets sur mon parcours et sur ce livre dans les dernières pages du tapuscrit.

J’attends avec impatience tout avis ou conseil de votre part.

Vous souhaitant bonne lecture,

Veuillez recevoir, Madame, Monsieur, mes sincères salutations.

Gilles de la Tourette


Cette lettre doit comporter votre nom et vos coordonnées dans son angle supérieur gauche.

Gardez un point important à l’esprit : ce qui va décider l’éditeur à vous publier, c’est la qualité et l’intérêt de votre manuscrit, et non pas la forme de votre lettre de présentation.

Comment envoyer votre manuscrit aux éditions Humanis ?

Il peut arriver, pendant de longues périodes, que nous suspendions l’examen des manuscrits en raison de la saturation de notre planning de parution. Consultez notre notre page de contact pour savoir si c’est le cas.

Humanis accepte les envois par mail (voir notre page de contact). N’envoyez pas de manuscrits par la poste. Nous ne les lirons pas.

Si vous maîtrisez bien votre traitement de texte, voici comment nous faire plaisir :

Réglez votre traitement de texte pour obtenir un espace inter-paragraphe (entre 6 et 12 points). Attribuez des « styles » à votre texte. Par exemple, le texte principal doit avoir pour style « Normal », les titres des chapitres doivent avoir pour style « Titre 1 » et les sous-titres, « Titre 2 ». Si cette notion de « styles » ne vous dit rien, documentez-vous sur votre traitement de texte et n’hésitez pas à utiliser Google pour en savoir plus. La maîtrise de cette question vous permettra de gagner un temps fou dans la présentation de votre texte et elle lui permettra d’être plus propre et plus homogène.

Mais si vous ne parvenez pas à utiliser les styles de votre traitement de texte, n’en faites pas une maladie ! Ce qui importe avant tout, c’est que votre texte nous plaise et corresponde à nos critères. Si sa présentation est propre et sobre, c’est encore mieux.

Avant d’envoyer votre manuscrit, lisez notre page intitulée Notre ligne éditoriale. Elle vous évitera une déconvenue.

Les autres éditeurs

La plupart des éditeurs ont un site Internet comportant une section du type « Comment nous envoyer votre manuscrit ». Cherchez bien, cette section n’est pas forcément mise en avant dans la structure du site.

Vous constaterez que certains éditeurs exigent une présentation particulière pour le manuscrit. Par exemple la police Times, ou un maximum de 25 lignes par pages, une marge gauche de 6 cm, etc.

Après avoir soigneusement choisi vos éditeurs-cibles, lisez attentivement leurs recommandations afin de vous conformer à leurs attentes. De nombreux auteurs se plaignent de recevoir des lettres de refus non-argumentées, alors qu’ils n’ont pas eux-mêmes pris le temps de lire et de respecter les demandes de présentation des éditeurs. Soyez cohérent ! Si vous voulez qu’on vous respecte, commencez par respecter vos destinataires.

La date d’envoi

Les contraintes ci-dessus auront surtout de l’impact pour une petite maison d’édition dans laquelle le lecteur est généralement l’éditeur lui-même. Si vous adressez votre manuscrit à une grande maison d’édition, évitez essentiellement les mois de décembre, janvier, juillet et août.

Mon point de vue en tant qu’éditeur

(Luc Deborde – Éditions Humanis)

Après avoir subi – en tant qu’auteur – les affres de l’attente et des lettres de refus, j’ai décidé de franchir le miroir pour endosser la casquette d’un éditeur. Je ne reçois pas encore 20 manuscrits par jour, comme l’équipe de Gallimard. Mais j’en reçois suffisamment pour que leur traitement occupe une énorme partie de mon temps et il m’a semblé utile de témoigner de ce que l’on ressent lorsque l’on se trouve de « l’autre côté ».
  • Je suis toujours heureux de recevoir un manuscrit. Qui sait si je ne vais pas tomber sur la perle rare ? Sur l’auteur qui va me permettre de booster mes ventes ? Et puis j’aime lire, découvrir un nouvel univers, et imaginer à travers lui ce que l’écrivain a pu ressentir en écrivant.
  • L’expérience commence souvent assez mal : le mail présentant le manuscrit comporte fréquemment des fautes d’orthographe ou des fautes de style. L’auteur ne s’y présente pas et/ou ne fournit aucun élément me permettant de me faire une idée de ce dont le livre parle. Le ton est froid, parfois dédaigneux. Je devine l’auteur tétanisé par la peur de se voir rejeté et qui tente maladroitement de s’en protéger en adoptant un ton déshumanisé. Je sens que je vais marcher sur des œufs !
  • Dans la grande majorité des cas, le manuscrit est inachevé. J’entends par là que la fin y est souvent bâclée, que le travail de relecture n’est pas complet, qu’il reste d’importantes lacunes dont je devine pourtant l’auteur capable de venir à bout. De toute évidence, il était épuisé lorsqu’il m’a envoyé ce manuscrit. Il n’avait plus assez d’énergie et de confiance dans son travail pour le terminer vraiment, avant de le soumettre à ma critique. Compte tenu de l’état de lassitude qui émane de ce travail bâclé, je me dis qu’il va être très délicat de venir à bout de toutes les imperfections qui plombent ce texte. La tâche est lourde et je risque de travailler pour rien, car l’auteur est déjà à la limite du découragement. Si je lui annonce que j’accepte son manuscrit sous réserve de modifications, il va bien entendu sauter de joie et retrouver du courage. Mais pour combien de temps ? Cela suffira-t-il au travail important qu’il reste à faire ?
  • Bien entendu (et fort heureusement !), le texte est parfois bon et sa lecture agréable. Mais compte tenu de mon niveau d’exigence, le manuscrit ne peut être considéré comme achevé et publiable en l’état (ou presque) que dans moins de 2 % des cas. Tiens ! Ce chiffre me rappelle quelque chose ! Ah oui ! Il figure dans l’article intitulé « Combien gagne un auteur ? » où il est dit : « Selon l’enquête publiée dans l’Annuaire à l’Usage Des Auteurs Cherchant un Éditeur (Audace - ISBN 2-916082-01-8), les chances de voir son manuscrit accepté par un éditeur varient entre 0 et 30 % , mais la moyenne générale de cette grande fourchette se place à 2 % . »
    Que puis-je en déduire ? Que la majorité des éditeurs ne se cassent pas la tête à essayer de sauver un manuscrit qui n’est pas vraiment achevé. Ou le texte est publiable en l’état (ou presque) et ils l’acceptent. Ou bien il demande un travail important (même si sa base est excellente et qu’il comporte des passages passionnants) et ils le refusent. Quel confort !
  • « Si vous n’avez pas le temps de lire, vous n’avez pas le temps - ni les outils - pour écrire. C’est aussi simple que ça. »

    Stephen King

    Je dois avouer que le découragement me saisit parfois devant le manque de maîtrise de la langue qui caractérise la plupart des manuscrits reçus. Sans parler des fautes d’orthographe, plus de 70 % des textes que j’examine comportent des erreurs de syntaxe ou des maladresses grossières qui les rendent impubliables sans un travail de révision plus ou moins important. Pire encore : les auteurs ne semblent même pas conscients de leurs faiblesses. Doit-on expliquer qu’il faut savoir écrire pour devenir écrivain ? Qu’il faut savoir conjuguer les verbes et accorder les temps ? Doit-on expliquer qu’il faut d’abord lire, lire, et lire encore, jusqu’à ce que la maîtrise de la langue devienne absolument naturelle ? Comme le rappelle Stephen King dans plusieurs de ses propos, la langue est la boîte à outils de l’écrivain. Si ses outils sont grossiers ou insuffisants, il ne construira rien de bon. On ne devient pas écrivain par envie ou par caprice : on le devient après un long et laborieux parcours qui permet de surmonter, l’un après l’autre, les innombrables problèmes techniques que pose l’écriture. Aussi désagréable que soit ce constat, j’aimerais qu’il soit mieux partagé !
  • Dans les faits, une portion très faible des manuscrits qui nous sont adressés peut donner lieu à publication avec des chances raisonnables de succès. Une part très importante de mon travail consiste à lire et à refuser les textes qui nous parviennent, avec une conscience aiguë de la déception que cela provoque chez les auteurs que nous refusons de publier.
  • Notre notoriété ne cesse de grandir et, chaque année, nous recevons davantage de manuscrits. Leur sélection est une tâche de plus en plus lourde et de plus en plus délicate, car la qualité générale des textes que nous recevons progresse également. Mais aussi harassante que puisse être cette partie de notre travail, il ne me viendrait pas à l’idée de me plaindre. Car les lois des statistiques sont ainsi : plus nous recevrons de manuscrits, plus nous aurons de chances que certains d’entre eux se transforment en livres à succès.
  • Je garde sans cesse à l’idée qu’un auteur dont le texte n’a pas les qualités requises sera peut-être, l’année prochaine, celui qui nous enverra un chef-d’œuvre. C’est pourquoi – dans la mesure du maigre temps dont je dispose – j’offre le maximum de conseils et d’aide possible, par le biais de notre site Internet ou – quand mon planning m’en laisse le loisir – par le biais d’échanges directs avec les auteurs.
  • Il y a toutefois deux phénomènes contre lesquels je suis définitivement impuissant : il y a de plus en plus de gens qui écrivent, et de moins en moins de gens qui lisent. Le marché du livre est un marché hyperconcurrentiel, dont les règles sont de plus en plus sévères, c’est ainsi. 
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